9 démos à d'Rôles de Jeux – septembre 2024 – Senlis
Ceci est ton sang.
photo Patrice Mermoud pour le Grog
Le week-end dernier, j'ai participé à la première édition du festival rôliste de Senlis, loin là-bas dans la campagne oisienne. Un champ, un sanglier, un champ, un sanglier, vous voyez le genre. Au programme, les Journées du patrimoine avec des rôlistes dedans. Plus d'une dizaine de lieux mis à la disposition par la municipalité pour jouer et causer JdR. Un festoche en kit, quoi. Le défaut d'Étrange Grande, auquel j'ai participé il y a quinze jours, mais level 2. À Étrange Grande, il y a trois lieux séparés, dont un clairement central, qui draine la majorité du public. Et les deux autres ne sont pas loin à pied. Ça le fait. À Senlis, onze lieux, répartis un peu partout dans la ville, dont certains à dix minutes de bagnole les uns des autres. Ingérable, on s'en doute.
Par là-dessus, Johan et ses animations patatoïdes. Ce n'est pas du stand, pas non plus du jeu dans un format qui permet les préinscriptions. Quand tu poses des gens pour quatre heures, tu peux orga tranquille à l'avance. Quand c'est pour 15 minutes, il faut forcément gérer sur place. Mon besoin, c'est le flux. Si le festoche est éclaté aux quatre coins de la ville, il faut que je sois dans le coin où la majorité du public va passer. Je dis bien passer. Si je suis dans un lieu où il y a plein de gens, mais qui ne bougent pas (parce qu'ils sont occupés à péter des rotules de gob pendant des heures), ma table reste vide.
Connaissant bien mes contraintes et mes besoins, je zieute le site Internet et le plan du festival pour essayer de comprendre où je dois m'installer. Parce que je sais que sur place, je ne serai pas mobile. Je viens sans véhicule personnel, mon stock sous le bras, dans un gros carton bien lourd. Y'a juste pas moyen que je me ballade dans tout Senlis pour courir après le festivalier. Donc je zieute très très bien le plan et le programme. Et là, grosse dubitation. Il y a plusieurs lieux dédiés au jeu, mais je peine à piger la logique de l'ensemble. Oulala, que je me dis, ça ne va pas être simple.
Heu-reu-ze-ment, le jour même, tandis que Nicolas, mon aimable chauffeur, cherche à se garer dans Senlis (si vous-même ou l'un de vos vous-mêmes était capturé ou tué, le département de Johan nierait avoir eu connaissance de vos agissements), j'aperçois Julien Blondel en kilt qui cause à des gens devant une église. Clairement, l'univers m'envoie un message. Je veux dire, c'est pas tous les jours que tu vois Julien en kilt devant une église. Aussitôt, je demande à Nicolas de me poser. Je récupère mon gros carton de zines et file à ladite église. En chemin, je croise un Éric Nieudan en lunettes psyché, ce qui me confirme dans mon intuition : c'est bien là que je dois passer le week-end.
Du coup, je m'installe à l'Espace St Pierre, édifice désacralisé et récemment restauré (dans lequel j'ai vendu du Sombre 666, ce que je trouve délicieux). Rien n'a été prévu pour moi, mais les orgas sont cool. On me trouve une table et des chaises, puis on me case dans le narthex, dos aux portails. L'entrée du public se fait par une porte latérale, au niveau du transept. La nef est pleine de stands ludiques et littéraires. Le sanctuaire accueille la buvette et une expo sur l'histoire du JdR. Je suis un peu à l'écart, ce qui est cool. Animer des démos à côté des stands revient juste à faire chier le monde. Pendant que mes estimés confrères font de la retape pour leurs produits, moi et mes joueurs on braille qu'on va sauver la Bretagne. Pas cool pour les voisins.
Donc je passe deux jours à enchaîner recrutement et démos. Le lieu est magnifique, mais évidemment très sonore. Six bons mètres sous voûte, ça résonne de taré. Il n'y avait pas des masses de gens, donc l'écho restait gérable, mais je suis quand même revenu avec mon growl des grands jours. Si j'ai une immense habitude du recrutement tout terrain, il y a une limite dure : je ne peux pas inventer des joueurs qui n'existent pas. En conséquence, j'ai assez souvent tapé dans les stands pour compléter mes tables. Business as usual dans les petites convs. Cela marche assez bien parce que, quand il n'y a pas masse de public, les standistes (ça se dit ?) ne sont pas non plus débordés. Limite, ils s'emmerdent. Mais poliment parce que ce sont des gens bien élevés.
Une quarantaine de joueurs sur les deux jours, tout à la force du poignet. Neuf parties, dont huit Camlann. Public très mélangé, avec de nombreux débutants et des enfants = chevaliers de la Table ronde. Encore et encore et encore. Des parties très sympa, dont une à l'issue rarissime. Pas souvent que Morgane reste seule et unique survivante. Cela fait au moins deux ou trois ans que je ne l'avais pas vu à ma table. En fermeture du samedi, un Overlord pour une table rôliste, recrutée partiellement sur les stands. Et à la toute fin du festoche, un dernier Camlann à l'arrâââche, tandis qu'autour de nous, les gens remballent leur marchandise et démontent leurs stands.
Au global, bilan positif. Du gros taf certes (deux journées épuisantes), mais sur un rythme pas trop soutenu, ce qui m'a permis de causer un peu avec des gens. Xaviiier, rencontré aux Utops de l'année dernière, toujours aussi cool. Manu Gharbi, que je n'avais pas revu en vrai depuis près de dix ans. Et Julien Blondel. Et Éric Nieudan. Et Pierre Rosenthal. Et Bastien Wauthoz, venu de Belgique. Et la team Hoshikaze. Et les Grogistes, fidèles au poste. Et les Alternativistes (moitié alternatifs, moitié narrativistes). En un mot, la crème du JdR francophone.
Que dire de ce festival, ou plus exactement de cette collection de micro-festivals ? Clairement, les lieux étaient trop nombreux. Sans doute les orgas ont-ils péché par optimisme en prévoyant un afflux massif. L'event était tellement dispersé que je peine à évaluer sa fréquentation réelle, mais je doute que la transhumance parisienne espérée se soit réalisée. Je l'avais écrit par mail à Olivier, l'orga-chef : jamais tu ne vas déplacer en masse du rôliste parisien vers Senlis. La réalité est que pour les Parisiens, Pantin est déjà loin. Alors l'Oise... À leur décharge, il faut aussi reconnaître que l'offre de transport en commun Paname - Senlis est de l'ordre de la catastrophe industrielle, surtout le week-end.
Au-delà des questions logistiques, et après le colloque rôliste de Villetaneuse auquel j'ai participé en juin, je m'interroge. Le JdR a cinquante piges, c'était d'ailleurs le thème du festival de Senlis. À cet âge, on commence à avoir envie de faire des bilans, transmettre son expérience, raconter le bon vieux temps qui était tellement mieux. Je m'attends donc à voir popper ici et là de plus en plus d'événements hybrides alliant l'académisme (conférences et tables rondes) et le ludique (démos et stands). Je ne suis pas certain que la formule soit gagnant-gagnant. Je veux dire, ça marche aux Utops because flux de taré. Tellement de gens qu'il y a du monde qui déborde de partout. Dans les petits events, on n'en est pas là. Quand les conférences et les tables rondes s'y enchaînent, il ne reste pas trop de temps disponible pour les stands et le jeu. Résultat, faire du side dans ces événements est aussi compliqué que s'ils n'étaient pas core rôlistes. Ce paradoxe m'interroge dans le dedans de mon moi-même.
Les mercis
+ Merci à Olivier et Rémi pour l'invitation et l'orga.
+ Merci aux bénévoles. Accueillants, aimables et arrangeants, un vrai plaisir.
+ Merci à Claude et Renaud pour les véhiculages gracieux.
+ Énôôôrme merci à Nicolas pour le voiturage aller et retour depuis Paname. Copain, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi. Probablement que je serais resté chez moi.
Mon body count
9 parties, 41 joueurs, 42 personnages, 40 morts